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Son principe

La démocratie, régime fondé sur la liberté d’expression et le référendum d’initiative civile (RIC) est souvent accusée de donner le pouvoir à une population qui serait toute entière manipulable, mais capables de choisir des élus dotés d’une moralité et d’un discernement supérieur. Ou encore, à une multitude de petits tyrans. Prenons plutôt l’humanité pour ce qu’elle est, et voyons ce que la vraie démocratie lui apporte, en lieu et place du culte du chef providentiel, qui caractérise la France.

L’effet du grand nombre

« Vous voulez donc la dictature de la majorité ! »
« Les français sont des veaux, il faut des gens sérieux pour décider à leur place ! »
« Le référendum d’initiative civile, pensez donc ! Hitler n’est-il pas venu au pouvoir par les urnes ! »

Ces allégations sont communément prononcées par ses opposants, dans une France qui précisément n’a pas l’expérience du RIC, et dont la liberté d’expression est bridée bien au-delà de l’acceptable, alors même que quelques 70% de français y sont favorables.

À moins que des idées soient répandues avec force contrôle des médias par une caste totalitaire, la vérité est précisément l’inverse. Plus les idées sont communes à une grande proportion de la population, plus elles ont des chances d’être modérées. Plus les idées sont extrémistes, plus elles sont le fait de petits groupes, plus il est difficile de les exprimer franchement en public.

En démocratie, pour récolter le nombre de signatures nécessaires à un référendum, il faut exposer ses propositions à un grand nombre de gens, et ce d’autant plus que la proposition est choquante.

Ses prérequis moraux

« Mais qui garantira les droits de l’Homme et tous les droits fondamentaux ! »

La démocratie porte par ailleurs en elle-même des valeurs fondamentales. La nécessité de débattre pour argumenter et convaincre, présuppose d’accorder à l’autre le même droit de liberté d’expression, et de lui reconnaître la propriété de son corps qui lui permet de parler et écouter.

Bien loin de favoriser l’extrémisme et la tyrannie, la démocratie conduit donc à consolider les valeurs communes à une large majorité de la population qu’il faut convaincre, et qui dispose à priori de valeurs essentielles à une société libre. Elle ne peut exister dans une société déjà tyrannique.

Inversement, plus un pouvoir est éloigné des normes que la population qu’il dirige, qu’elle exprimerait par initiative populaire, plus il doit être qualifié d’extrémiste et de tyrannique. Et plus il est probable qu’il s’oppose à l’instauration d’une telle institution.

Il est aussi bien plus difficile de juger de l’âme d’un candidat, que d’un texte court et clair destiné à amender une constitution. Court et clair, car un texte illisible aurait plus de mal à passer et que ce n’est pas l’intérêt de ceux qui le proposent.

Un exemple historique

Un événement historique illustre assez bien les qualités anti-totalitaires du référendum d’initiative populaire. L’initiative populaire suisse de 1933 « Révision totale de la constitution » .

La Suisse est dotée d’une forte proximité culturelle avec l’Allemagne. En 1929 comme ses voisins elle subit fortement la crise, et un bloc national-socialiste puissant s’y est développé aux alentours de 30%.

La constitution Suisse d’alors était proche de l’actuelle, permettant une révision complète. En 1933 les nationaux-socialistes suisses ont donc tenté une initiative pour faire réécrire la constitution selon leurs vues, et lancés une initiative en ce sens. Ils ont malheureusement récolté les signatures puisque leurs idées étaient suffisamment répandues pour passer ce premier barrage, mais une fois le vote effectué, ils n’ont obtenu que 28% des votes et quatre cantons sur vingt-six.

L’Allemagne, la même année, dotée d’une constitution similaire dans son fonctionnement à la 5ème république française, voyait les nationaux-socialistes accéder au pouvoir.