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Dans l’indifférence générale, le président de la République a franchi, le 24 septembre dernier, un pas supplémentaire dans l’affichage de son mépris souverain de la représentation populaire. De toute l’histoire de notre nation, jamais un président de la République ne s’était permis de prendre la parole devant les Français au soir d’une élection, a fortiori parlementaire, si ce n’est pour l’évoquer, en commenter le résultat et en tirer les conséquences.

Au mépris de la plus élémentaire bienséance, mais surtout du principe de séparation des pouvoirs, Emmanuel Macron s’est invité sur les plateaux de télévision pour qu’on parle de tout et n’importe quoi pourvu qu’on occulte les élections sénatoriales. Il a même poussé l’injure envers la Haute Assemblée jusqu’à étaler son ignorance en affirmant que le Sénat était renouvelé par tiers, règle abrogée depuis plus de vingt ans. Il est tout de même stupéfiant que son président, deuxième personnage de l’État, n’ait pas jugé bon, en tout cas publiquement, de s’en émouvoir. Le président de la République a persisté dans la perversité jusqu’à ne rien dire de son prétendu grand sujet, la transition écologique qui, accessoirement et sans aucune utilité, ruinera la France et pénalisera les Français, pour laisser son Premier ministre en détailler les modalités le lendemain après qu’il aura réuni un autre comité Théodule ad hoc ; histoire d’être absolument certain qu’il n’y ait plus un seul journaliste importun qui souhaiterait tout de même évoquer ce qui est, n’en déplaise à l’Élysée, une des deux chambres du Parlement français.

De conventions citoyennes en conseil national de la refondation, en passant par les grands débats ou le conseil de défense sanitaire, Macron a multiplié les initiatives dans le dessein, communément admis, de court-circuiter ce qu’on appelle les corps intermédiaires. Outre que cette explication range le Parlement au rang de corps intermédiaire comme un autre, elle est, à tout le moins, euphémique. Car si le seul désir présidentiel était de laisser s’exprimer le peuple sans passer par des médiateurs, Macron eût, non seulement, multiplié les referendum mais eût aussi fait en sorte que ceux-ci pussent être déclenchés par initiative populaire, ainsi que le prévoit l’article 11 de la constitution. Il n’en a, évidemment, jamais rien fait et n’en fera jamais rien.

La réalité est plus simple et plus tragique : la démocratie, c’est-à-dire les électeurs, dérange Emmanuel Macron. Il n’est que de se remémorer son absence totale lors de la campagne présidentielle de 2022 et son refus d’affronter ses concurrents si ce n’est, dans un exercice obligé, de se montrer d’une désinvolture aux frontières de la grossièreté lors du débat télévisé d’entre les deux tours.

On ne peut qu’être inquiet, à défaut d’en être étonné, de l’absence de la moindre réaction, non seulement du Sénat, mais aussi de toute l’opposition, face à un tel mépris de la démocratie. Face à une autocratie qui se s’affirme désormais sans pudeur ni discrétion et qui ne se heurte à aucune opposition, la seule solution tient en deux mots : démocratie directe.

Tarick Dali